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2021 Mai : Retour du chemin de St Guilhem

16 Jours de rêve

Au départ un petit groupe de 5 personnes , de retour sur les chemins après un long confinement nous privant d’évasion. Dés le premier hébergement à Aumont- Aubrac en Lozère lieu dit « Tiracols », hameau isolé de quelques maisons de granit aux toits de lauze, le ton est donné : Polo fait un feu de bois dans la cuisinière puis : pique-nique , lits à l‘ancienne avec édredon piqué ; les filles ont froid.

Premier jour de marche ce vendredi 14 mai jusqu’à Nasbinals , 24 km avec un dénivelé de 500 m sur ce plateau à 1100 m d’altitude , le granit est partout , murets le long des chemins , pierres et rochers disparates dans les champs , cabanes pour abris de bergers et ces élégantes vaches aux yeux cernés de noir et cornes en forme de lyre. Et puis cette immensité vallonnée où la nature est reine. Le panorama est permanent parsemé de jonquilles

Les 2 jours suivants furent difficiles : pluie , vent et froid ; le ciel se déchaînait , visibilité à 50 m , la cape du matin au soir, l’eau ruisselait sur les chemins et les routes, nous étions trempés . L’hébergeur du dimanche soir eut l’ idée lumineuse d’abréger notre calvaire en venant à notre rencontre avec 2 voitures 6 km avant l’arrivée. Nous avions vécu le pire. Il restait le meilleur . Le réconfort venait le soir :

  • Tel le samedi 15 mai ) au gîte « Sarbonnel » à St Chély d’Aubrac (petite incursion en Aveyron !), personnage hors norme Thierry NOGUEIRO, ayant retapé pendant 10 ans une ruine pour en faire un gîte écolo autonome( toilette sèche….) Accueil très chaleureux , dîner végétarien (en l’honneur de Thérèse), apéro à la gentiane , soupe aux lentilles, lasagnes aux poireaux, tarte sucrée : un régal . L’écrivain bourlingueur Sylvain Tesson est venu y finaliser l’écriture d’un livre .
  • Ou le dimanche soir au col Le Trébatut en Lozère où devant le feu de cheminée , nous mangions soupe de légumes, aligot et dessert aux fruits rouges

Dés le lundi , on admire la Lozère vallonnée, les nuances dans les verts, les beaux sentiers sous bois pour arriver à La Canourgue ( 200 habitants) au patrimoine architectural exceptionnel( Collégiale St Martin du XIIe, Place au blé avec maison à colombage du XIVe , maison renaissance) quelle belle ville en pierres jaunes (fini le granit). Super accueil étape à la Côte St Jean mariant la pierre et intérieur moderne et confortable. On dort les 5 dans un petit dortoir, dîner somptueux préparé par la jeune proprio, pommes de terres au lard, cabillaud au citron et courgettes, vin rouge de l’Aveyron ; un jeune couple et 2 femmes à coté. Seul bémol, Polo m’accuse d’avoir ronflé ….

Le matin débute souvent par une montée rude, dénivelé de 300 m sur de beaux sentiers et chemins variés ; matinée ensoleillée, la vie est belle ….. le soir , autre style, gîte de Combelasais chez une vieille dame , genre manoir avec immense salle à manger haute de plafond . Polo allume le feu dans l’âtre , très agréable pour le dîner et lire le soir.

Le lendemain, descente dans la vallée du Tarn, sentiers de chèvres soit en sous-bois soit à découvert avec vue sur les aiguilles rocheuses genre Montmirail, petite pause au village « Les Vignes » . On traverse le Tarn sur un pont de pierre datant de 1840 ( avant le Tarn était le principal moyen de transport par barques) . Soleil splendide , belle journée de rando ; Étape à « Le Rozier » au fond de la vallée ; première bière en terrasse dans un décor grandiose.

Jeudi 20 mai , on remonte sur l’autre versant avec vue sur la belle vallée de La Jonte , forêt de pins ; on s’arrête religieusement devant un nid de vautours et son unique petit au sommet d’un pin à quelques mètres du sentier . On traverse Cassagnes et ses maisons typiques de pierres, beaucoup de voûtes en pierres ( style roman ou anse de panier) . C’est le causse Méjean. La nature devient ensuite plus verte avec des cultures. Étape à Hielzas dans une ancienne bergerie . On déguste au soleil une glace au lait de brebis ( parfums châtaigne et agrumes) et on assiste à la traite automatique de brebis ( 2,5 l de lait matin et soir). Le dîner et l’accueil dans une salle voûtée est à la hauteur , Kir maison, soupe d’orties , truite meunière avec pointes d’asperges , coupe fraises et glace,. ; un festin ( gîte tenu par un couple de normands dont lui est meunier et attiré par le projet de remise en état d’un moulin à blé . On a mangé son pain) . Le paradis existe !

Le lendemain, étape tranquille de 14 km (la dernière en Lozère avant un seul jour dans le Gard) ; on flâne en admirant les innombrables orchidées , chèvrefeuilles, le bleu de la fleur de lin ; de nouveau des pelouses sèches, herbe rare , sols pauvres où seuls les moutons vivent. Le calcaire affleure partout. C’est vallonné , très beaux panoramas. Le soir, étape à Meyruis, petite ville de 800 habitants , plus animée,belle architecture ; dîner à coté d’un groupe de cyclistes en goguette : saucisses et lentilles , fromages Aubrac et brebis ,compote de pomme avec crème de marron .

On évacue tout ça le lendemain par un dénivelé de 400 m, Sylvette donne le rythme et cela nous paraît facile . Très belle journée parfois fraîche dans les forêts de pins et feuillus . On s’offre un café en terrasse au bord du lac du « Bonheur » avec pêcheurs ; c’est champêtre sous le soleil , toutes les tables sont prises pour la Pentecôte On passe le col de Serreyrède à 1299 m proche de l’Aigoual (1560 m) . Arrivée au gîte de L’Espérou avec un froid de gueux, vent, le climat ici à 1200m est très rude , un des plus arrosés ( 2000 mm par an à l’Aigoual)

Le lendemain , dimanche 23 mai, , on aborde les Cévennes (il faisait 2° au départ). Le paysage devient méditerranéen avec de beaux pins , des châtaigniers . On passe les cols de la Broue et de la Sablière; arrivée à Le Vigan où on longe l ‘Arre , rivière aux eaux verdâtres puis à l’auberge « Cocagne » à Avèze : longue bâtisse aux volets rouges et vigne vierge. Le dîner en terrasse est agréable (un peu frais). On commence à parler projets

Lundi 24 mai. Les Causses de Bandas pour arriver au cirque de Navacelles que l’on domine au belvédère des « chênes » . La rivière Vis au fond de ce canyon de 17 km a creusé le plateau ; En face le Larzac en Hérault. Descente scabreuse , décor de rève , on croise des petits chevaux avec leurs cavaliers ayant fait la montée. Vent très froid en bas . Le dîner à l’auberge de la cascade nous réchauffe : encore une superbe journée de rando

Le mardi 25 alterne la montée de l’autre versant , une partie plate dans une forêt de beaux résineux et l’arrivée au gîte de Gazelle à la Vacquerie St Martin avec une grande terrasse face à une nature imposante.

Et nous arrivons à St Guilhem le Désert à une altitude de 100 m après une belle descente ; charmant village préservé de 280 habitants au fond d’un vallon. On loge au Carmel St Joseph ,accueil St Elie chez des religieuses. Un groupe de musiciens loge à coté. Belle architecture , grande place avec un platane de 1865, abbatiale du XIIe et son cloître , rues pavées et placette. On assiste à un concert de musiques médiévales avec cornemuses, trombones et belles voix. Le retour sera le vendredi 28 mai .

Nous avons vécu , pendant 16 jours , à 5 personnes en continu , se connaissant peu au départ , partageant le plaisir de la marche, la découverte d’une belle région variée et peu peuplée. L’accueil et l’hébergement étaient souvent exceptionnels. Dans ce monde hyperconnecté, bruyant en perpétuel mouvement, l’amitié, la tolérance et le partage nous ont guidés … avec comme seuls outils des chaussures, des bâtons et un sac à dos . Cela a été un privilège rare et un luxe fou . Merci au travail de préparation et d’organisation de Christelle et Polo . Merci à Thérèse et Sylvette, désormais des amies .

Une seule interrogation …. On va où l’an prochain ?

Très humblement , Bernard JACQUOT

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